Masque de Dionysos, artiste inconnu
On n'obéit pas au tyran : on le craint.... ou on l'admire. Le tyran est toujours masqué.
Questions
1. Cherche le sens du mot "arbitraire".
2. En quoi l'arbitraire n'est pas un arbitrage ?
3. Pourquoi faut-il admettre un droit d'opposition du peuple à la volonté particulière bonne ou mauvaise du prince ?
4. Qu'a de dangereux la bonté d'un Prince ?
5. Où se situe la justice ?
Texte
"Le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé est toujours mauvais. Ses vertus sont la plus dangereuse et la plus sûre des séductions : elles accoutument insensiblement un peuple à aimer, à respecter, à servir son successeur quel qu'il soit, méchant et stupide. Il enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s'opposer même à sa volonté, lorsqu'il ordonne le bien ; cependant ce droit d'opposition, tout insensé qu'il est, est sacré : sans quoi les sujets ressemblent à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu'on le conduit dans de gras pâturages. En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran commet le plus grand des forfaits. Qu'est-ce qui caractérise le despote ? Est-ce la bonté ou la méchanceté ? Nullement ; ces deux notions n'entrent pas seulement dans sa définition. C'est l'étendue et non l'usage de l'autorité qu'il s'arroge. Un des plus grands malheurs qui pût arriver à une nation, ce serait deux ou trois règnes d'une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire : les peuples seraient conduits par le bonheur à l'oubli complet de leurs privilèges, au plus parfait esclavage. "
Diderot, "Réfutation d'Helvétius", in Oeuvres philosophiques, Garnier, p. 610